29 janvier 2020.
Le pouvoir décide de plus en plus vite et pour le seul avantage des élites financières dont les préoccupations sont plus que jamais éloignées de celles de la grande masse de la population. La démocratie semble fonctionner sans prise directe avec les réalités populaires comme déconnectée des souffrances de la majorité des gens.
L’élection de Macron en 2017 a franchi un cap dans cette déconnexion. Choisi par les financiers et financé par eux, il est l’archétype de l’énarque qui n’a jamais eu à connaître des problèmes de la population pour y trouver des solutions mais seulement à gérer au mieux les intérêts de ses employeurs financiers.
Ses premières mesures ont été d’accroître la richesse des plus riches financiers en supprimant l’ISF et d’appauvrir les plus pauvres en baissant le montant des APL. Le ton du quinquennat était donné: une soumission totale au monde de la finance.
Il doit son élection aux circonstances savamment préparées par la trahison de son électorat par François Hollande qui a fait le lit au Front National par sa politique de destruction du code du travail et a provoqué un deuxième tour inédit face à Marine Le Pen.
Il faut noter d’ailleurs que la Vème République est totalement structurée pour empêcher l’irruption d’une majorité anticapitaliste tant du point de vue de l’Election Présidentielle au scrutin majoritaire à 2 tours que celui des Elections Législatives au scrutin majoritaire à 2 tours qui succèdent, depuis Jospin, à la Présidentielle, et permettent un raz de marée pour les candidats de la majorité présidentielle en plus des lois qui permettent à un gouvernement de passer outre le parlement avec, par exemple, le recours à l’article 49.3 de la Constitution.
De plus la prise en main des médias par la finance, qui a concentré la quasi totalité de la grande presse télévisuelle et écrite antre les mains d’une dizaine de grands patrons de multinationales, permet d’infuser une image du monde au quotidien très univoque et totalement propice au système capitaliste.
Ce pouvoir, éloigné du peuple et n’embrassant que les préoccupations des élites financières, ne s’embarrasse plus des formes anciennes de la démocratie dont le fonctionnement est trop lent et oblige à répondre, au moins en apparence, aux opposants…
Ce pouvoir utilise tous les artifices de l’autorité pour finaliser au plus vite sa politique désastreuse pour les plus faibles et au profit exclusif des plus forts: ignorance des mobilisations populaires et quand ce n’est plus possible, utilisation de la répression policière à un niveau jamais vu depuis bien longtemps.
Ce fut le cas contre les gilets jaunes et c’est maintenant le cas pour les opposants à la réforme des retraites à points. Mais c’est le cas aussi dans le fonctionnement des institutions avec les débats à l’Assemblée Nationale à des heures indues et des lois votées parfois avec moins de 50 députés au petit matin…
C’est le cas encore avec les projets de lois concernant la retraite à points: passage en accéléré à l’Assemblée avec seulement quelques jours pour étudier et proposer des amendements à un texte de 130 pages et une étude d’impact de 1000 pages, une intervention de seulement 5 minutes par groupe pour donner son point de vue sur les textes et un grand nombre de décisions qui seront prises par ordonnances et par décrets…
En fait la violence de ce pouvoir s’exerce à tous les niveaux dès que sa marche antisociale ne va plus aussi vite qu’il le souhaite, à l’Assemblée Nationale par les conditions de travail parfois digne d’un régime autoritaire qui méprise les temps démocratiques, dans la fonction publique par la désarticulation progressive de l’ensemble des services publics, dans la rue par la répression et la violence policière.
Le pouvoir est majoritaire dans les institutions mais plus dans l’opinion et il le sait. L’isolement du pouvoir est flagrant et il se défend avec ses armes.
La dérive autoritaire ne fait plus aucun doute.
L’absence de débouché politique peut avoir des conséquences funestes. Il ne faut pas longtemps, parfois, à la masse des populations les plus délaissées pour descendre spontanément dans la rue (cf l’épisode des gilets jaunes) ou pour provoquer une deuxième vague de dégagisme, comme celle de 2017, aux prochaines élections présidentielles dont on ne peut prévoir les conséquences…
La démocratie est en lambeaux et le pouvoir, à qui il ne reste plus que l’autoritarisme, semble prêt à tout, même au pire, pour accroître les intérêts particuliers des financiers.
Texte et photo Copyright Daniel Margreth.