11 janvier 2021.
Présentation:
« Franck, je l’avais rencontré pour la première fois à Paris au début de l’été 72. La vie de Franck était remplie de souvenirs parfois enfouis à jamais dans les méandres de sa mémoire alors que d’autres étaient présents en permanence, presqu’obsessionnels. Il m’en parlait pour reconstruire un passé qui tentait de lui échapper. Du moins c’est ce que je croyais.«
Le narrateur vous entraîne « Dans le désordre » de ces souvenirs tels qu’il les a recueillis.
Dans le désordre / 1-Préambule.
Franck, je l’avais rencontré pour la première fois à Paris au début de l’été 72. J’habitais alors provisoirement dans un joli petit appartement en plein chœur du Marais que m’avait gentiment prêté Solange, une amie étudiante absente de la capitale tout l’été. Cet appartement était à ses parents et je l’occupais juste le temps de trouver un boulot et un logement… Un havre de paix au milieu de la capitale qui adoucissait mon arrivée dans cette ville qui m’était totalement inconnue et où je faisais mes premiers pas d’adulte.
Un jour la sonnette a retenti et j’ai découvert devant la porte un inconnu tout aussi surpris que moi. Franck venait rendre visite à Solange qu’il croyait encore à Paris. Je lui expliquais ma présence éphémère et très récente et il me proposait de découvrir avec lui le quartier qu’il fréquentait assidument bien que son logement se trouvait à Belleville. C’était un jeune homme filiforme souriant avec un charmant accent du sud et une attitude décontractée. Il m’expliquait qu’il était arrivé à Paris depuis 3 ans et étudiait à Jussieu, une faculté que je ne connaissais pas mais que fréquentait également notre amie commune et c’est d’ailleurs là qu’ils avaient fait connaissance.
Cette rencontre allait changer le cours de ma vie et je l’avais pressenti immédiatement. Franck allait devenir peu à peu comme un grand frère et me faire découvrir le monde avec une pensée libérée de la contrainte de mon éducation judéo-chrétienne… Très vite Franck m’avait parlé de sa petite amie, Sylviane, qui habitait rue des Pyrénées et travaillait dans une agence immobilière. Ils n’habitaient pas ensemble et se fréquentaient depuis peu. Elle venait de la Mayenne et avait aussi fréquenté Jussieu pendant 2 ans avant de trouver un travail…
Je passais beaucoup de temps avec Franck dans la journée à découvrir Paris en même temps que je lisais les petites annonces à la recherche d’un job. L’été était ensoleillé, j’étais insouciant, Franck était disponible, nous profitions de ce temps pour parler de nous et du monde, tranquillement jour après jour. Je lui parlais de mes parents de tradition catholique, lui des siens de tradition protestante, de nos enfances différentes, de notre migration vers Paris loin de nos familles ainsi la confiance s’installait progressivement.
Chacun de nous partageait ses souvenirs d’enfance sans savoir que s’ouvrait un long temps commun et que de nombreux autres souvenirs allaient se mettre en place et occuper d’une façon durable nos esprits. Mais dans les premières années qui suivirent notre rencontre, c’est Franck qui avait le plus besoin de raconter les siens. C’est à ce moment que le récit de ses confidences commença à prendre forme dans le désordre…
A suivre…
Texte et photo Copyright Daniel Margreth.